Presse

Cet album est à la fois un prolongement de la tradition de l'oud mais il s'en écarte aussi d'une manière audacieuse. Malgré sa connaissance impressionnante des maqamat, un système extrêmement riche de modes dans lequel la musique arabe s'enracine, Brahem base rarement ses improvisations directement sur le maqam. Son phrasé est pur et dépouillé, s'exprimant presque autant par le silence que par le son... Composée de lignes qui coulent avec élégance et de sombres silences de respiration, la musique virevolte avec les harmoniques du piano... plusieurs mélodies sont basées sur des accords arpégés, répétés à la manière enfantine de Satie. Quoi que simples, elles contiennent cependant des arabesques envoûtantes. Les trois musiciens apparaissent rarement ensemble, et sur les 12 plages de l'album, seules sept sont jouées en trio. La plupart du temps ce sont des duos qu'on entend piano et oud, oud et accordéon, accordéon et oud. Souvent les musiciens reprennent les lignes les uns les autres, mais rarement à l'unisson, accentuant ainsi le caractère intimiste de la musique tout en produisant un effet flottant, d'écho. Si les ensembles projettent toujours « l'image d'une communauté » comme le critique Greil Marcus l'a suggéré, alors le trio de Mr Brahem -partie takht, partie trio de jazz, partie ensemble de chambre- évoque une sorte d'Andalousie du 21ème siècle, dans laquelle les sensibilités européennes et arabes se sont si profondément fondues que les frontières qui les séparaient se sont complètement dissoutes. L'image peut paraître utopique, mais sa beauté est indéniable.

The New York Times
Adam Shatz

Dans le nomadisme ascétique du oudiste tunisien Anouar Brahem, on peut déceler un cousinage avec Ravel et Debussy, reconnaître des effluves de tango, entendre des échos de boîte à musique. Faut-il pour autant parler de musique du monde à son propos ? Lui préfère être associé aux musiques contemporaines mais on pourrait l'affilier au jazz. « Chant silencieux », est-il écrit dans le livret à propos de ses musiques instrumentales inclassables, ici judicieusement rehaussées par le piano de François Couturier et l'accordéon de Jean-Louis Matinier. La formule vise juste pour dire les ambiances méditatives, la dimension introspective, les élégances feutrées de cet album, le septième qu'il a enregistré sur l'exigeant label munichois ECM. Avec, comme dans la grande tradition arabo-persane, le silence qui vient entre les notes pour dire le désir d'une fuite, la quête d'un ailleurs.

Télérama
Elianne Azoulay

Il est difficile de cloisonner la création artistique de Anouar Brahem dans un seul style, à la fois Jazz, tradition orientale, ou new age, tant il est pris entre respect des traditions et désir d'innover. Il a su faire de cet instrument destiné initialement à accompagner les chants traditionnels un instrument solo. Ses disques, fruits de rencontres et de voyages, provoqués par une curiosité intarissable ont reçu un remarquable succès.

Libération
Cécile de Comarmond

L'avant dernier opus d’Anouar Brahem "Thimar" enregistré en compagnie du contrebassiste Dave Holland et du saxophoniste John Surman, était un pur chef d'oeuvre. Cette convergence de suspensions et de glissandos félins est devenu un disque culte en quelque trois ans. Pour son dernier disque, Astrakan café, il retrouve des couleurs plus classiques. Autant de vibrations tendues, charnues qui souvent ont tutoyé les anges.

Le monde de la musique

Après son splendide "Thimar" avec John Surman et Dave Holland, le magicien du Oud continue d'explorer la formule du trio. L'infinie musicalité qu'il met en oeuvre avec son compatriote Lassaad Hosni et le clarinettiste turc Barbaros Erköse rappelle combien dérisoires sont les étiquettes. Maîtrise instrumentale de chaque intervenant, intense écoute mutuelle, compositions superbes, richesse des atmosphères, parti pris de la sobriété et de l'intériorité, tout converge vers une magnificence dépourvue d'apparat, une poésie existentielle.

Jazz magazine
Farah C.

C'est un plaisir enivrant que d'écouter cette insolite progression... Un sens admirable de la mélodie respire à travers les pages du disque. L'inédit trio a découvert la pierre philosophique, l'élixir de vie de la musique éthérée et poétique, où l'on reconnaît encore les traditions d'origines mais où les frontières se sont ouvertes à une beauté désormais spatiale.

La Republica
Giacomo Pellicciotti

Le calife El-Ouathek avait dit avec sagesse d'Al Mawsili, le maître de l'art vocal arabe: "j'ai l'impression chaque fois qu'il chante que mon royaume s'agrandit". À entendre jouer Anouar Brahem, je peux dire que le royaume de la musique s'agrandit [...] Musique prophétique : quand le tunisien Anouar Brahem joue du oud, les cultures musicales de l'Orient et de l'Occident se réconcilient[...] Il est si calme et souverain qu'il semble que l'homme de Tunisie, resté allongé sur son divan est allé beaucoup plus loin que bien des musiciens de jazz, affairés dans la quête de musiques nouvelles.

Frankfurter Allegemeine Zeïtung
Wolfgang Sandner

La musique d'Anouar Brahem a atteint aujourd'hui un degré de maturité stupéfiant ... D'un calme souverain, d'une puissance subtile, les mélodies d'Anouar Brahem ont déjà par six fois croisés le chemin d'ECM avec des musiciens aussi divers que Galliano ou Garbarek ... Avec Thimar le magicien du Oud nous propose une nouvelle rencontre stimulante avec John Surman et Dave Holland. Des climats magiques résultent de cet échange... Chacune des onze plages de ce disque s'écoutent comme on regarde une miniature : elles nous racontent autant d'histoires et de secrets, sans jamais lasser... Une merveille, tout simplement.

Classica
Bertrand Dermoncourt
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