Anouar Brahem : oud
François Couturier : piano
Jean Louis Matinier : accordéon
Sur le fleuve
Le voyage de Sahar
L'Aube
Vague / E la nave va
Les jardins de Ziryab
Nuba
La chambre
Cordoba
Halfaouine
La chambre var.
Zarabanda
Eté andalous
Vague var.
Le premier opus d’Anouar Brahem en trio avec le pianiste Francois Couturier et l’accordéoniste Jean-Louis Matinier, "Le Pas du Chat Noir", nous proposait un disque surprenant et très personnel. Cette musique apaisée, d’un raffinement de timbre extrême, et d’équilibres fragiles a été unanimement appréciée de la presse et entendue du public, au point de devenir l’une des meilleures ventes du label.
Comme pour son précédent opus, ce deuxième disque, "Le Voyage de Sahar" par ses influences diverses (le jazz, le classique, les traditions orientales et méditerranéennes), nous plonge dans un univers poétique et culturel délicieusement composite.
Le groupe, qui depuis trois ans joue ce répertoire dans les plus grandes salles européennes, a encore gagné en maturité et en complicité et cet album en est l’aboutissement.
Contexte
Anouar Brahem, né à Halfaouine en 1957, est considéré aujourd’hui comme le joueur d’oud le plus talentueux et innovant de son pays. En tant qu’élève du grand maître Ali Sriti, il a étudié minutieusement les subtilités de la musique arabe traditionnelle qui n’ont désormais plus aucun secret pour lui. C’est riche de cette culture qu’il s’est lancé à la découverte du monde, s’imposant rapidement comme un musicien aussi moderne et sophistiqué que profondément ancré dans une tradition ancestrale.
Durant ses années passées à Paris, au début des années 80, Anouar Brahem attiré par le jazz ainsi que par les productions ECM, entre en contact avec le producteur Manfred Eicher. Leur collaboration débutée en 1990 a depuis donné naissance à plusieurs albums : “Barzakh”, “Conte de l’Incroyable Amour”, “Madar” (avec Jan Garbarek), “Khomsa”, “Thimar” (avec John Surman et Dave Holland), “Astrakan café”, et “Le pas du chat noir” - ainsi qu’une anthologie "Vague" (disponible exclusivement en France). Tous ces enregistrements ont reçu un accueil favorable de la part de la presse internationale, mais aucun plus que "Le pas du chat noir", publié en 2002, qui représente indiscutablement un aboutissement pour Brahem aussi bien en tant qu’instrumentiste que compositeur. Les admirateurs de la musique proposée par Brahem et ses compagnons, François Couturier et Jean-Louis Matinier, se sont retrouvés hypnotisés par la douce insistance de ses climats et la façon inimitable qu’a Anouar de créer un univers profondément ancré dans la tradition arabe et par ailleurs toujours porté à inventer de nouvelles relations avec d’autres formes musicales.
Le magazine Acoustic Guitar a évoqué l’association Brahem/Couturier/Matinier comme « le trio le plus atypique à avoir jamais interprété de la musique arabe contemporaine » - pour finalement tomber sous le charme du disque : « Le résultat transcende allègrement les frontières de la musique arabe traditionnelle : on y trouve des échos de l’univers de Satie et des cafés parisiens, des fragrances mélodiques issues du flamenco et des diverses traditions balkaniques. Accordéon, oud et piano échangent continuellement leur rôle, chacun apportant sa contribution au niveau rythmique, mélodique ainsi que dans les ornementations. » Le Time Out de Londres a parlé de « lyrisme rare d’une extraordinaire beauté. C’est à la fois tellement simple, pur et subtil qu’il est quasi impossible d’imaginer une rencontre plus accomplie entre musiques arabe et européenne ». Dans l’Independent, Phil Johnson a décrit "Le pas du chat noir" comme un « délice absolu : 70 minutes de musique complexe et délicate évoquant l’univers de Debussy joué par un trio de chambre maghrébin. Et si la lumière doucement s’estompe, vous pouvez avoir l’illusion de vous trouver dans un intérieur peint par Matisse. »
La parution du disque fut suivie par une longue tournée des deux côtés de l’Atlantique, au cours de laquelle le groupe gagna énormément en cohésion collective - Anouar laissant chaque soir plus de liberté à ses compagnons dans l’interprétation du répertoire.
Il faut dire que François Couturier et Jean-Louis Matinier sont des improvisateurs de premier plan, dotés d’une très forte réputation dans le petit monde du jazz européen.
C’est en 1980, en remportant le prestigieux prix Django Reinhardt, que le pianiste François Couturier acquit une renommée internationale qui lui permit d’intégrer l’orchestre du guitariste John McLaughlin et d’effectuer en sa compagnie de nombreuses tournées autour du monde. Sa première collaboration avec Anouar Brahem remonte à 1985 : un projet incluant également les musiciens turcs Barbaros Erköse et Kudsi Erguner qui aboutit à sa participation au disque de Brahem intitulé "Khomsa". En 1997, il enregistra en duo avec son fidèle partenaire, le violoniste Dominique Pifarély, l’album "Poros" paru sur ECM. Il a également travaillé avec Robin Kenyatta, Eddy Louiss, Jean-Marc Larché et Didier Levallet. En décembre 2005, François Couturier a enregistré pour ECM un nouvel album dont le nom est encore à définir, en compagnie de musiciens comme Jean-Louis Matinier, Jean-Marc Larché et Anja Lechner au violoncelle.
Jean-Louis Matinier a fait ses grands débuts sur ECM sur le disque de Brahem "Le pas du chat noir", mais il a joué avec de nombreux musiciens associés au label comme Gianluigi Trovesi, Enrico Rava et Louis Sclavis. Unanimement admiré pour la fluidité de son approche de l’instrument, Matinier, d’une formation toute classique, a peu à peu évolué vers le jazz et d’autres formes de musiques improvisées.
"Le voyage de Sahar" fait entendre de nouvelles compositions pleines d’émotions, de puissance et de force d’évocation, mais propose également trois nouvelles versions de pièces parmi les plus célèbres du compositeur : "Vague", "E la nave Va" et "Halfaouine".
Réactions de la presse
Mezza Voce, la musique poursuit avec pudeur sa lente quête introspective au plus intime de ses frontières intérieures. Il y a beaucoup de délicatesse et de raffinement dans la façon dont ces trois instruments remettent sans cesse en chantier leurs stratégies orchestrales, toutes de nuances, d’esquisses, d’équilibres menacés. Une élégance extrême dans cette limpidité expressive, ces miroitements de surface qui dissimulent sous leur glacis des trésors de virtuosité collective. Une musique précieuse dans tous les sens du terme.
Un jeu ouvert, aérien, quasi transparent, où la justesse de propos est parfaitement en phase avec l’économie de notes.
Une musique arabe contemporaine et ancestrale, une énigme sans frontière qui souvent tutoie les anges, un monde arabo-andalou vaste, idéalisé, projeté.
Le nouvel album du virtuose tunisien invite à se laisser envoûter par des mélopées d’une pureté poétique absolue.
Brahem is a marvellously lyrical musician and his long, ever-expanding melodies suit both his and Matinier’s approach to their instruments. Couturier’s role, by contrast, is to act as a fixed point in the landscape and allow his colleagues to travel always hopefully. It’s hard to choose a favourite piece, though the opening “Sur Le Fleuve” is a beautiful statement of purpose and intent. But there are so many glorious moments. […] This is wonderfully evocative music, soaked in the atmosphere of places and time. Listening to “Été Andalous”, one feels that dry, burning heat and sees that fabulous blue sky and the landscape and buildings shimmering in the sun.
Tunisian oud master Anouar Brahem casts a spell with his music. Blending jazz, flamenco, and Arabic traditions, he has become the Jimi Hendrix of this ancient instrument […] The atmosphere this music evokes is part smoky North African souk café and part cool Parisian jazz cabaret. Brahem’s oud lines wind ever upward in a stylish, snaking arabesque of notes, seconded by the keyboards of his accompanists. This is strange, exotic music, thrilling, and stunning.
This music is difficult to describe, as it blends myriad styles and forms spanning several cultures and centuries, but it speaks to the heart directly with a beauty and profundity that only the most obtuse listener could remain indifferent to. […] Besides being a recording of extraordinary depth and dimensionality, Le Voyage de Sahar also serves as a master class to players of any stringed instrument, for Brahem’s phrasing, articulation, ornamentation, and sense of space are often simply breathtaking.
Brahem’s latest (CD), again with Matinier and Couturier, reinforces the impression made by their first album: that here is a closely integrated trio playing markedly individual music whose simplicity and accessibility belie the care and subtlety that must have gone into its creation. Over its lovely contours flow North African, flamenco, jazz and classical elements, permeated by the composer’s vision, firmly rooted, yet not circumscribed by those roots, and unified by that and the empathy of the players.
The trio melds Brahem’s haunting oud virtuosity with impressionistic splashes of French café society. Melodic, graceful, and moving, Le Voyage de Sahar will linger in your mind’s eye and ear.
Le Voyage de Sahar offenbart nun einen weiteren Meilenstein der zeitgenössischen arabischen Musik, in die Brahem seine langjährigen Erfahrungen einfließen lässt. Im Trio mit François Couturier und Jean-Louis Matinier entsteht eine entzückend einfache, aber intensive Karambolage mit französischer und spanischer Musik. Hier vertreibt die Emotionalität den Nationalismus und führt am Ende doch beide Strömungen zusammen.
Wie schon auf dem zauberhaften Vorgänger Le Pas du Chat Noir verwebt der 1957 in Tunesien geborene Oud-Spieler auch hier diskret und raffiniert arabische Skalen und Rhythmen mit europäischen Klängen von schillernder Vielseitigkeit. […] Meist parlieren Brahem, Jean-Louis Matinier und François Couturier in wechselnden Zwiegesprächen von vibrierender Intensität, die sich als zauberhaft leichtes Pingpong wunderbarer Ideen erweisen. Sternenklar aufgenommen im Auditorio Radio Svizzera, Lugano, führt diese Reise in eine Traumwelt voll poetischer Echos der Erinnerung: Abstraktionen französischer Muzette-Seligkeiten ebenso wie sanfte Schatten klassischer Kammermusik, gewürzt mit allen Herrlichkeiten des Orients.
Brahem gelingt es meisterhaft, die drei Instrumente mit ihren klanglichen Eigenheiten und traditionellen Hintergründen zu einer gemeinsamen Aussage zusammenzuführen. Perlende Klavierläufe fügen sich ebenso in den Fluss der Komposition wie Musette-Melodien des Akkordeons und arabisch angehauchte Klangornamente der Laute. Im feinsinnigen Wechsel zwischen Solo-, Duo- und Trio-Passagen tauschen die Instrumente beständig ihre Rolle als Melodie- und Rhythmusträger und bringen immer neue Facetten der Musik zum Leuchten.
Distinctions
Edison Award 2006 (Pays-Bas) Sélection, "Vibrations" (France)
Sélection, "FIP" (France) R10, "Classica-Répertoire" (France)
Choix de l'éditeur, "The Gramophone" (Corée du Sud)
6★, "Irish Times" (Irlande)
4★, "The Independent" (Royaume-Uni)
6★, "NMZ Schallplatten" (Allemagne)
5★, "Stereo" (Allemagne) Die Audiophile Jazz-CD, "Stereoplay" (Allemagne)