Anouar Brahem : Oud
Dave Holland : Contrebasse
Jack DeJohnette : Batterie
Django Bates : Piano
Opening day
La nuit
Blue Maqams
Bahia
La passante
Bom dia Rio
Persepolis's mirage
The recovered road to Al-Sham
Unexpected outcom
Prévu pour paraître à l’occasion de son 60ème anniversaire, “Blue Maqams” apparaît par bien des aspects comme le disque des célébrations pour Anouar Brahem. Enregistré aux studios Avatar de New York en mai 2017 sous la direction artistique de Manfred Eicher, il présente le grand maître tunisien de l’oud associé à trois brillants improvisateurs : les “Maqams” qu’évoque le titre de l’album se réfèrent au système modal de la musique arabe traditionnelle - une sorte d’équivalent aux “genres de bleu” (kind of blue) qu’affectionnent les musiciens de jazz. Cet album est également l’occasion de grandes retrouvailles entre Anouar Brahem et Dave Holland, dont la première rencontre remonte à 20 ans avec l’enregistrement du disque “Thimar” plébiscité par le public et la critique. Si Brahem n’avait jamais joué avec Jack DeJohnette avant cette séance, Holland et DeJohnette sont des partenaires musicaux de longue date, leur première association remontant au tournant des années 70, lorsqu’ils fréquentaient tous deux les groupes de Miles Davis. Autant dire que leur collaboration est d’ores et déjà entrée dans l’histoire du jazz. Le pianiste britannique Django Bates apporte également sa magnifique contribution à l’album, en surmontant avec superbe les défis posés par les compositions de Brahem. De son côté, Anouar fournit dans ce disque quelques unes de ses interventions les plus inspirées. “Blue Maqams” sera assurément l’un des événements de cet automne pour ECM.
Contexte
Ce nouveau disque, comme d’habitude, j’ai commencé à y penser confusément, en laissant les idées venir d’elles-mêmes, sans parti pris de style, de forme ou d’instrumentation. Insensiblement, c’est d’abord l’envie de mêler de nouveau les sonorités de l’oud et du piano qui s’est cristallisée, bientôt suivie du désir (et de la gageure !) d’associer à cette combinaison instrumentale fragile, toujours un peu délicate à mettre en place dans ses équilibres et ses dynamiques, une véritable section rythmique de jazz. L’instrumentation trouvée, les choses se sont dès lors précisées très vite dans mon esprit. Lorsqu’il s’est agi de choisir qui tiendraient les rôles de contrebassiste et de batteur dans ce projet, je n’ai pas hésité longtemps.
J’ai spontanément pensé à Dave Holland. Depuis que je l’ai rencontré il y a de cela vingt ans pour enregistrer en sa compagnie et celle de John Surman mon disque ECM "Thimar", j’ai toujours manifesté le désir de rejouer avec lui. Nous en avons parlé souvent quand nous nous croisions sur des tournées – je lui disais que jouer avec lui « m’avait donné des ailes » – mais longtemps, la contrebasse n’est pas entrée dans mes projets. Je suis vraiment très heureux que ce disque ait été l’occasion de mes retrouvailles avec cet immense contrebassiste.
Concernant la batterie, même si je n’avais jamais eu la chance de travailler avec lui jusque là, je voyais peu de musiciens, en dehors de Jack DeJohnette, capables de suffisamment de finesse et de subtilité pour adapter leur style à la poésie de l’oud. Il se trouve qu’il connaissait ma musique et il a spontanément accepté mon invitation. Je savais qu’il était un musicien phénoménal – et de fait, c’est un félin ! Mais j’ai découvert en plus une personne exceptionnelle, très ouverte, très curieuse, d’une très grande humilité. Dans ce disque, chacune de ses interventions sonne avec un mélange d’évidence et de naturel, où se mêlent des années d’expérience et une fraîcheur et une spontanéité quasi-enfantines.
Ça m’a pris beaucoup plus de temps pour trouver le pianiste. Il se trouve que je joue avec François Couturier depuis plus de 32 ans, qu’il connaît très bien ma musique et que c’est de plus un ami proche. J’ai bien entendu pensé à lui en premier lieu. Mais j’ai très vite senti que ce projet me demandait de rompre avec mes habitudes et de m’aventurer vers d’autres territoires. Alors, pendant plusieurs mois, j’ai écouté un nombre considérable de pianistes et beaucoup discuté avec Manfred sur le type de jeu que la musique que j’imaginais pour ce disque nécessitait. Finalement, un jour, il m’a fait écouter un enregistrement qu’il venait de faire avec Django Bates. Je ne connaissais pas ce musicien mais j’ai été très vivement impressionné par son touché et sa manière de jouer, pleine de virtuosité et de lyrisme. J’ai décidé de l’associer au projet.
En studio, je n’ai pas été déçu. J’ai découvert en Django, outre un pianiste à la technique éblouissante, un musicien d’une subtilité, d’une inventivité et d’une force de proposition exceptionnelles. Il fait des choses absolument magnifiques sur ce disque, qui apportent constamment quelque chose d’inédit à la partition.
Au fur et à mesure de sa conception, j’ai pris conscience que ce disque serait pour moi l’occasion de revenir sur mon histoire personnelle avec le jazz et de célébrer mon amour pour cette forme musicale majeure du 20ème siècle.
C’est à Tunis, dans les années 70, quand j’étais encore adolescent, que j’ai commencé à écouter cette musique. A cette époque, je vouais une passion exclusive à la musique traditionnelle arabe que j’avais la chance d’étudier alors avec le grand maître Ali Sriti. Mon unique ambition était de devenir un bon interprète et de participer à la réhabilitation de cette tradition.
Paradoxalement, j’étais très curieux de découvrir des expressions musicales différentes. Outre les grandes traditions musicales indiennes, turques et balkaniques, qui depuis mon plus jeune âge me fascinaient, j’ai commencé, à l’âge de 17 ans, à me tourner vers des formes plus contemporaines, parmi lesquelles le jazz s’est rapidement imposé comme la plus attirante à mon oreille. L’esthétique du jazz était très différente de celle des musiques arabes que je fréquentais.
Je ne comprenais pas toujours ce que les musiciens de jazz proposaient. Mais j’étais attiré par cette musique qui me dépaysait et dont je me sentais proche par ailleurs. Sans doute y avait-il dans la musique arabe une forme de spontanéité, une manière pour l’interprète de s’en remettre à ses sentiments intérieurs et de prendre des libertés avec la partition initiale dans l’improvisation, qui entraient en résonance confusément avec le jazz.
Ce qui m’interpelait aussi dans le jazz, c’était le fait que, malgré ses origines très populaires, cette musique, somme toute encore très jeune au regard de l’histoire de la musique, ait su atteindre un niveau de sophistication aussi élevé, au point d’occuper une place désormais centrale dans le paysage des musiques actuelles. En comparaison, la musique arabe, bien que très ancienne, d’une très grande richesse et d’une grande sophistication, me paraissait empêtrée dans une forme de conservatisme et de conformisme. Le jazz me donnait l’exemple d’une musique qui avait réussi à être de son temps sans se renier. Je trouvais ça fascinant. Par ailleurs, le jazz était pour moi associé à l’idée de transgression, de liberté – et je pensais déjà à cette époque qu’il ne pouvait y avoir de création sans transgression. A la fois champ extraordinaire d’expérimentation, terre fertile de brassage et de croisements – le jazz était aussi un langage naturellement ouvert sur les cultures du monde, et je sentais que je pourrais y trouver ma place… Dès cette époque, j’ai su que je ne serai jamais un musicien de jazz, mais je me suis senti comme appartenir à cette communauté d’esprit.
A 17 ans, c’est donc le jazz qui m’a ouvert des horizons et m’a donné l’envie, sans renier mon apprentissage, mon vécu et ma culture, d’engager ma musique vers ce qu’on pourrait appeler la modernité.
Pour autant, je me suis toujours refusé d’avoir une démarche volontariste et cérébrale. En matière de création, je privilégie toujours mon intuition. Quand, au tout début des années 80, dans le processus de composition, a surgi l’idée d’intégrer à ma musique des instruments de jazz ou de musique indienne, j’en été le premier étonné. Mais j’ai décidé alors de m’installer à Paris avec l’objectif de rencontrer des musiciens d’autres univers.
C’est à cette époque que j’ai intégré à mes projets pour le cinéma et le théâtre tunisiens des musiciens comme François Jeanneau, François Couturier, Jean-Louis Matinier, ou Barbaros Erköse, qui, plus tard, pour certains, m’accompagneraient lors de mes enregistrements chez ECM.
Il faudra attendre fin 1989 pour que je rencontre Manfred Eicher qui m’ouvrira alors les portes de son Label. Mais, bizarrement, dans mes premiers disques ECM je n’ai pas fait appel à des musiciens de Jazz. Sans doute ai-je voulu prendre mes distances avec la « world music » à la mode, forme hybride à laquelle s’étaient convertis avec opportunisme un nombre considérable de musiciens à l’époque, et à laquelle je ne voulais pas être assimilé… La première fois que j’enregistrerai pour ECM avec un musicien de jazz, ce sera un peu plus tard, en 1992, sur le disque Madar que nous avons co-signé avec Jan Garbarek. Le reste appartient à mon histoire avec le label… La plupart des pièces de ce disque ont été composées entre 2011 et 2017. J’ai également repris deux anciennes compositions « Bahia » et « Bom Dia Rio », qui datent de 1990.
Comme souvent, j’ai cherché dans ce disque à écrire une musique qui laisse de l’espace (plus ou moins large selon les cas) à l’improvisation et à une véritable liberté d’interprétation. Pour autant, j’ai le sentiment qu’il est important également de demeurer fidèle à la partition et de rester au plus près de ce qui est écrit. J’aime à ce que chaque pièce garde sa propre identité dans et par l’écriture – le rôle du musicien étant de s’intégrer dans cet univers et de s’exprimer dans le cadre de cette identité. Si le champ donné à l’improvisation ou à la liberté d’interprétation est trop « ouvert », je pense que la musique court le risque de perdre son caractère. Tout alors peut finir par se ressembler. Il est important pour moi de préserver l’univers propre de chaque pièce. Pour un musicien de jazz, cette conception peut paraître parfois un peu trop dirigiste et les discussions ont été âpres au cours de l’enregistrement. Ça a été une grande part de notre travail de trouver collectivement l’équilibre en écriture et spontanéité. Car même dans les pièces où les passages très écrits pour lesquels je ne concède pas d’espace à l’interprétation, j’aime que la musique sonne comme un jet inspiré et improvisé. La première fois que ma femme, à qui je dédie ce disque, a écouté cette musique, elle m’a dit qu’elle lui semblait à la fois moderne et traditionnelle. Je trouve qu’elle n’a pas tort et c’est d’ailleurs la première fois que j’intègre de véritables taxims (forme traditionnelle de solo improvisés) à l’intérieur de pièces composées … Pendant l’enregistrement, j’ai tendance à être parfois trop axé sur mon jeu en temps qu’interprète. Comme un réalisateur qui est aussi l’acteur de son film, j’attache souvent trop d’importance aux imperfections d’une prise, risquant ainsi de perdre la vue d’ensemble qui est essentielle pour faire les bons choix. Le rôle de Manfred, en cela, est essentiel.
En plus de savoir parler aux musiciens pour dénouer toutes formes de conflit, son écoute et son jugement sont extrêmement précieux. Il a une capacité extraordinaire à reconnaître les prises les plus inspirées et, derrière la console, il est un très fin sculpteur du son. Par ailleurs, il perçoit la musique dans son déroulement dramaturgique et j’ai toujours le sentiment que nous parlons le même langage. Avec le temps, nous avons forgé une belle complicité. Sa présence et son écoute ne changent jamais la nature de la musique, mais elles en font ressortir les qualités.
Anouar Brahem
Réactions de la presse
For his intriguing new quartet album, ‘Blue Maqams’, master oudist Anouar Brahem enlisted two fellow legends and a veteran player whose profile is on the rise. […] Not only did Brahem find the perfect collaborator in Bates, he assembled a program of all original compositions that showcases the pianist’s gorgeous touch, with some passages featuring solo piano, as well as duo sections that highlight subtle, intelligent conversations between oud and piano. […] The result is a program that features traditional music from Arab culture as well as more modern jazz elements. Each musician shines here.
‘Blue Maqams’ has no need to pound or poke, finding tranquility in the pragmatic acoustic formula and unblemished technique evinced by the quartet. In these disturbing times, nothing better than listening to music that is congenial, peaceful, and deeply felt. Anouar Brahem delivers all that and more.
‘Blue Maqams’ will not only go down as one of the year's best ECM Records releases; it's a classic-in-the-making that should ultimately be considered one of the label's very best recordings in its nearly fifty-year history.
This glitzy lineup features his bass-playing soulmate Dave Holland, drums star Jack DeJohnette, and a wild card in the form of the UK’s Django Bates on piano. The result achieves a spellbinding balance between gently melodic Mediterranean song forms and the one-touch rhythmic elasticity and melodic ingenuity of the best jazz. The presence of Bates (producer Manfred Eicher’s idea, Brahem never having heard the English maverick before) is an inspiration, for his lyrical restraint, creative spaciousness, and diverse references. […] It’s a real meeting of hearts and minds.
The album title signifies the union between the incredibly complex Arabic modal and harmonic system and the ‘blue’ so often evoked in jazz improvisation. Throughout, Brahem seamlessly combines the uncommon time signatures, sonic timbres, and whole-tone textures of Arabic music with the dynamic adventure of jazz improv. […] ‘Blue Maqams’ is lovely. It's a nearly perfect illustration of balance between cultural and musical inquiry, underscored by the confidence and near symbiotic communication of this gifted ensemble. This is an exceptional outing, even for an artist as accomplished and creative as Brahem.
The whole session has a tremulous, simmering intensity. The title refers to Arabic modes, the richness of which is grist to the mill of an imaginative composer-improviser such as Brahem, and he draws on them extensively, presenting compositions in which curled, careening melody enhances the strong ensemble voice. However, in the moments when the group breaks down to leave him unaccompanied he excels by way of phrasing that is majestically doleful, conveying moods that are then heightened by gently brushed, mandolin-like yearnings of Bates’ right hand. For both the poise and restraint of the band as well as the beauty of the tonal palette and material this is a strong entry in Brahem’s discography.
His most recent release, ‘Blue Maqams’, showcases his skills in a jazz context – the results are simply stunning. […] We're dealing with musicians who know how to extract every nuance and ounce of meaning from a note. […] As one would expect from a collection of such experienced and gifted musicians, the quality of performance is not only exemplary, it's awe-inspiring […] ‘Blue Maqams’ is a gem of an album featuring four incredibly gifted musicians. […] Anouar Brahem has composed nine amazing works and they are brought to life on this album with amazing skill and grace.
When I first heard Maqams, oddly enough ‘In a Silent Way’ came to mind, not so much for content, which couldn’t be more different, but in the way both albums wash over the listener, enveloping them in a specific environment, not unlike immersing oneself in a great ocean of spacious sounds, one that, like the sound of the surf, can be put on repeat without tiring of it. Each piece seems to flow inevitably and effortlessly into the next. And there is a connection between these two fine albums: they both have Dave Holland on bass. Holland is like a rock in both settings, laying down the groove and stating the time when necessary, floating when appropriate. DeJohnette, a powerhouse drummer, opts to sit in the background for the most part here, sometimes sitting out altogether, and only showing his formidable creativity and chops in a couple key places. Pianist Django Bates shows particular discipline in the way he interacts with Brahem’s passionate, sensual, yet understated oud. There is not a note that doesn’t belong- the interaction is a precise give and take, sometimes almost call and response, but the two never get in the way of one another. […] I can’t recommend this album highly enough. And I honestly can’t remember the last time I found something so inherently listenable that I just put it on repeat while hanging out at home. Yet putting one’s entire concentration on the music yields vast rewards. It is that good after all!
From the very first moments – ‘Opening Days’ begins with a characteristically delicate, thoughtful solo introduction from the leader’s oud – the music is unmistakably Brahem’s; but within seconds you know this is also going to be something rather different. Joining the oud, first we have Dave Holland’s rich, thumping bass; then the crisp, light, swinging accompaniment of Jack DeJohnette on drums; and finally, a couple of minutes into the track, Django Bates’ piano makes its magical entrance, fittingly lyrical yet significantly ‘jazzier’.
So how does Brahem’s Arabic modal music background mesh with these jazz masters? Will one drown out the other or will they meet in the middle? Often Brahem begins tracks with solo oud and the players gradually come in (or, on ‘La Passente’, the track never ignites, but smoulders gently throughout). So no clash there. But the title track begins with drums and here Brahem’s oud functions like a guitar, beautifully intertwining with Bates’s piano until everything else drops away, then re-emerging to resolve the piece at the end. It is one of serveral places where the two forms show utmost respect and bring the best out of each other. […] this album works on several levels. Its jazz, exotic mood is unobtrusive and enjoyable as background, but start to go deeper and there is so much to explore in this musical meeting of worlds.
With a title that sums up its mix of complex but melodic Arabic modes and the so-called blue notes of jazz improvisation, this album by Tunisian oud master Anouar Brahem is part world fusion, part work of art. [….] These 10 improvisations see the maestro challenged by changes in tempo and exercises in swing, bossa nova and solo invention. But always, the oud is granted freedom to fly. Sublime.
What is clear from this recording as a whole is that Anouar Brahem has a clear vision of what he is seeking to achieve and the musicians on board this project are of a sufficiently high caliber to deliver the goods with aplomb. An outstanding recording that easily fits into the best albums of the year category.
Oud-master Anouar Brahem's instantly intoxicating ‘Blue Maqams’ caps off a truly remarkable year for ECM Records. […] A maqam defines traditional Arab musical phrases, tones, notes and melodies but eschews control of rhythm, making all these blue maqams, these tightly composed universes, light years of inspiration and interpretation for Brahem's three daring cohorts, bassist Dave Holland, drummer Jack DeJohnette and the mischievous creativity of pianist Bates. They deliver non-stop.
The characteristics of Brahem’s native Tunisia are apparent in the ostinato rhythms, cyclical scales and horizontal organization. Underneath is a power that comes from the subtle individualism of the music. This is not a fusion, but a holistic synthesis of traditional North African musics, jazz and improvisation. […] Brahem’s improvising is relaxed, each note full of purpose. Credit the rhythm section for seamlessly following the 60-year-old leader. Everyone handles the pattern-based forms with an easy flow. No surprise with bassist Dave Holland, who has a monumental sound, and Jack DeJohnette’s trademark ticking cymbal sound is there, but in all other ways the drummer is so deeply submerged into the aesthetic that he sounds like an entirely different musician. […] This is a long album that’s constantly absorbing and affecting.
It’s seldom clear what’s traditional and what modern in Brahem’s music, because it constantly wanders between – and thereby dissolves – these reference points. It’s a sensibility he shares with the Palestinian poet Mahmoud Darwish, to whom he dedicated his 2009 album ‘The Astounding Eyes of Rita’. Like Darwish’s ‘lyric epic’, Brahem’s music suggests that there is nothing more modern than a tradition that has been given new life. An embrace of the new is also the road home for an improvisatory tradition that has drifted astray from its exploratory roots. (The title of one track, ‘The recovered road to al-Sham’, an allusion to Syria, suggests that innovation and freedom might heal other forms of exile.) The mood throughout ‘Blue Maqams’ is one of restless transformation and searching, as the music’s different elements combine to form a new alloy that floats free of its hybrid origins, but never forgets them.
This is a gently exquisite album, in which the finest and most innovative oud (lute) player in Tunisia is joined by three of the most skilful improvisers in the jazz world today […] There are passages where the subtle oud playing is echoed by thoughtful piano work, and others where the piano takes the lead, or a repeated bass line is used to underpin the oud and piano improvisation. It’s a thrilling meeting of master musicians.
For ‘Blue Maqams’, his tenth LP on the venerable ECM label, Tunisian oudist Anouar Brahem shifts away from the grand concepts that drove his previous album Souvenance, instead convening a jazz trio. And what an ensemble it is, too. Veteran British pianist Django Bates (Bill Bruford, Tim Berne) takes the chordal helm, with Jack DeJohnette and Dave Holland – perhaps the greatest living rhythm section in jazz – providing supple support. Melody rules here; Brahem’s ability to blend jazz changes with the Middle Eastern tonalities of his homeland gives each song a distinctive tone, accessible yet challenging. […] Masterfully performed and arranged, ‘Blue Maqams’ is a record of great beauty and fire.
Blue Maqams, un album cousu de douceur et d’élégance, brillant de la sensibilité des musiciens épatants réunis par l’oudiste et compositeur tunisien […] Tout a parfaitement fonctionné. Le résultat enchante.
Il revient aujourd’hui à ses premières amours transversales en signant un disque magnifique entièrement animé par sa passion du jazz. Retrouvant pour l’occasion Dave Holland à la contrebasse, magistral de fluidité et de profondeur, Brahem prend le risque de réintroduire la batterie dans l’équilibre si fragile de son univers évanescent, confiant à Jack DeJohnette le soin d’adapter tambours et cymbales aux dynamiques subtiles de sa musique. Le résultat est un modèle de musicalité et de féérie sonore minimaliste. Convié également à la fête, le pianiste anglais Django Bates, dont on aurait pu douter a priori que sa personnalité volontiers décalée et extravagante convienne à ce genre de projet intimiste, est la grande et bonne surprise du disque. Transfigurant par la magie de son toucher les parties très écrites des compositions modales envoûtantes de Brahem, le pianiste fait par ailleurs preuve d’une inventivité et d’une inspiration constante, apportant à l’ensemble la richesse de ses harmonies et la vivacité de son phrasé. [...] [Anouar Brahem] de son côté n’a jamais semblé aussi maître de son discours, trouvant constamment la bonne balance entre sensualité et abstraction. Une réussite totale
Un disque comme un bijou. Tout est ici affaire de profondeur et de pureté dans les lignes, de rigueur et de liberté dans l’exécution, d’élégance et de richesse dans les textures. Autour du oud de Brahem, on trouve un quartet premium (Holland, DeJohnette) qui navigue avec brio entre le jazz et le système modal de la musique arabe traditionnelle. Pure poésie.
Ce nouvel album d'une dignité musicale absolue, d'une haute vertu d'inspiration, est l'un des meilleurs cette année.
Laissons le maître tunisien Anouar Brahem nous remettre sur le droit chemin avec son oud magique
[…] Sa musique riche d'intériorité n'a jamais été aussi sereine. Le travail minimaliste effectué sur les partitions et la sobriété des arrangements ont fait naître un album dépouillé et intemporel qui a la beauté du frisson. Aucune démonstration, aucune fioriture, il s'agit là d'aller à l'essentiel. Le son tout simplement magnifique et l'univers envoûtant d'Anouar Brahem portent celle, celui qui l'écoute en apesanteur vers une humanité où l'on se surprend à croire que tout est possible. Si l'oud est l'instrument du Tarab qui signifie l'émotion poétique et musicale, celui d'Anouar Brahem nous mène bien à l'extase.
La delicadeza es el pilar más fuerte de la música de Anouar Brahem [….] El sutil timbre de su laúd árabe requiere que los demás instrumentos que le acompañan sean igual de discretos. […] Pero la suavidad va más allá de su peculiar estilo, que mezcla tradición arábiga con jazz, y es también la esencia con la que entiende la música. Casi todo lo que se oye en el álbum, dice, fue concebido “en la magia de un momento de inspiración”, sin mucha planificación, pero sí con la sensibilidad despierta. Brahem no construye sus discos como obras integrales, sino que cada pieza es un universo particular que surge a partir de pequeñas ideas.
Zu seinem 60. Geburtstag hätte Anouar Brahem sich und uns kein schöneres Geschenk machen können als diese Session in New York vom Mai 2017. […] Wie Sterne am Himmel über der Media von Tunis leuchten die Klänge, die Brahem mit seinen drei Mitspielern erzeugt. Das vielbeschworene Thema Orient & Okzident bekommt eine neue Bedeutung durch die Art, wie sich hier ein Dialog zwischen Oud und Klavier entspinnt. […] Seit Anouar Brahems Erfolgsalbum ‚Le Pas du Chat Noir‘ (2002) dürfte ‚Blue Maqams‘ die Platte werden, die am meisten auch die Hörer ansprechen wird, die weder in der klassischen arabischen Musik noch im zeitgenössischen Jazz bewandert sind. Hier ist es zu hören – ‚the best of both worlds'.
Ein leiser Schlagzeug-Rhythmus - und darüber die Instrumenten-Stimme von Anouar Brahem. Ein Blues sozusagen. Aus Tunesien. So beginnt das Titelstück dieser CD - und es ist repräsentativ. Anouar Brahem, einer der weltweit berühmtesten Spieler der arabischen Laute Oud, hat sich hier mit neuen Partnern zusammengetan. Es sind Schlagzeuger Jack DeJohnette, Bassist Dave Holland und Pianist Django Bates. Drei Weltstars des modernen Jazz. Brahem selbst betrachtet sich nicht als Jazz-Musiker, er vermeidet gängige Kategorien. Als Komponist und Improvisator hat er zwischen arabischen und westlichen Musiktraditionen einen eigenen Ton gefunden - und da ist es besonders spannend zu hören, wie er sich in diesem neuen Quartett bewegt. Er tut es auf scheinbar selbstverständliche Art. Und doch nicht so, als wolle er den Hörern einreden, die Oud sei in den Kellergewölben eines Jazzclubs großgeworden und habe bei Festivals wie Newport oder Montreux die Reifeprüfung abgelegt. Er findet auch hier wieder einen ganz eigenen Klang.
Brahem vermählt den Maqam, Tonleitern aus der klassischen arabischen Kunstmusik, mit dem ‚Blue‘ des jazz. Auf seinem Album lassen sich die Musiker tatsächlich aufeinander ein: Die Jazzmusiker nehmen in den Stücken ‚Opening Day‘ und ‚La Nuit‘ den behutsamen Tonfall der Oud auf, untermalen die Töne sublim, mit viel Atem und Ruhe. […] Im Titelstück ‚Blue Maqams‘ wiederum nähert sich Brahem dem Jazz an. Es herrscht eine ganz andere Atmosphäre: Zum arabischen Geist tritt dezent eine Jazzharmonik dazu. So bringt dieses Album einen Dialog sozusagen auf dem west-arabischen Diwan: Es lässt sich als vielmehr hören als nur ein Stück Worldmusic – ein Etikett, das Brahem ohnehin verabscheut.
‚Maqam‘, das ist der Modus in klassischer arabischer und türkischer Musik. Und diese ‚Blue Maqams‘, die sind Brahems meisterhafter Weg, die ‚Blue Notes‘ des Jazz in den Nahen Osten zu tragen.
Die Melodien der arabischen Musiktraditionen bilden die Basis. Sie wandeln sich im Interplay zu einer wunderbaren Musik, die den Spirit der Welt beruhigt.
Der tunesische Oud-Virtuose und Komponist Anouar Brahem hat seit Anfang der 1990-er Jahre auf seinem Haus-Label ECM in unterschiedlichsten Besetzungen ein Dutzend exzellenter Alben veröffentlicht. Folglich sind in seinem Fall die Erwartungshaltungen der Fans vor Neuveröffentlichungen besonders hoch, aber selten dürften sie so voll erfüllt oder gar noch übertroffen worden sein wie nun mit ‚Blue Maqams‘. […] In den neun Brahem-Kompositionen, die sich von wenigen Ausnahmen abgesehen zwischen acht und elf Minuten Länge bewegen, stellen Holland und DeJohnette ihre über Jahrzehnte gewachsene souveräne Technik und ihr unglaubliches Einfühlungsvermögen gepaart mit einem unerschöpflichen musikalischen Einfallsreichtum in den Dienst der Sache. Holland lässt seinen Bass singen, dass es eine Freude ist, und DeJohnette erzielt mit sparsamsten Mitteln größte Wirkung. Brahem und Bates brillieren mit wunderschönen Soli, umgarnen sich in subtilen Dialogen und inspirieren sich wechselseitig zu brillanten Höchstleistungen. Arabische Musik und zeitgenössischer Jazz begegnen sich hier absolut auf Augenhöhe, die Akteure schöpfen aus dem Besten zweier musikalischer Welten, ohne die eine oder die andere zu desavouieren.
Ein Nordafrikaner, ein Amerikaner, ein Brite und ein britischer Ami steuern ein gemeinsames Vehikel, indem sie sich frei von allen Floskeln und Plattitüden zwischen Improvisation und Meditation einfach der dramatischen Magie des Klangs hingeben.
Der Musik des Oud-Virtuosen Anouar Brahem (Oud ist die arabische Kurzhalslaute) ist schwer einzuordnen und leicht zu verstehen. Man kann sich in ihr ohne Vorausssetzung einrichten wie in einem wohltemperierten Ambiente, wie in einer musique d’ameublement, auch das Missverständnis ‚world music‘ mag für den einen oder andern naheliegen, auch wenn sich der 1957 in Tunis geborene Brahem gegen die Etikette vehement (und zurecht) wehrt. Mit zehn Jahren begann er das Studium der arabischen Musik, bald mit dem legendären Lehrer Ali Sriti. Dann folgte eine sukzessive Horizonterweiterung, auch in Richtung des Jazz, obwohl er sich „weder als Jazzmusiker noch als Jazzkomponisten“ versteht. 1991 spielte er seine ersten Aufnahmen für das Label ECM von Manfred Eicher ein, das in der Folge seine musikalische Heimat wurde und die Entwicklung seiner grenzüberschreitenden Musik mit bestimmte: Produktionen mit Musikern wie Jan Garbarek (‚Madar‘, 1994), Richard Galliano und François Couturier (‚Khomsa‘, 1995), John Surman und Dave Holland (‚Thimar‘, 1998), auch mit verschiedenen klassischen Orchestern (zuletzt ‚Souvenance‘, 2014) – Brahem hatte den Kopf im kreativen Wind, woher immer der wehte, und verriet doch nie seine Ursprünge, schon gar nicht durch eine Auflösung der Konturen im Sinne einer parfümierten exotischen Allerweltsmusik. Seine meditativen Räume laden die Partner zu intensiven, weit gespannten Atembögen, aber nie zu beliebigen Ego-Trips ein – dafür besteht er zu rigoros auf der steten Anbindung an die komponierten Vorgaben. So auch auf seinem jüngsten Opus ‚Blue Maqams‘, an dem sein grosser alter Partner Dave Holland am Kontrabass beteiligt ist, der fabelhaft diskrete, feinsinnige, differenzierte Jack DeJohnette an einem schwebenden Schlagzeug und der britische Pianist Django Bates, bei aller technischen Brillanz mit Erfolg darauf bedacht, die Räume der geradezu skrupulös sparsamen Partner nicht pleonastisch zuzuschütten. So entsteht eine hoch poetische, nie gefühlige, immer herzerwärmende eigene Musik zwischen den Kategorien und zwischen den Welten. A very special Kind of Blue.
Die Geschichte der Annäherung zweiter musikalischer Sphären in einem Balanceakt der Schönheit.
Brahems Begleiter sind diesmal der britische Bassist Dave Holland (71), mit dem er schon vor 20 Jahren gespielt hat, und der legendäre Drummer Jack DeJohnette (75), der 1969 auf Miles Davis‘ epochalem Album ‚Bitches Brew‘ mitwirkte. Hinzu stieß, eine Idee Eichers, Pianist Django Bates (57). Der Brite spielt erstmals mit Brahem – ein temperamentvoller, kantiger Kontrast zu dessen langjährigem Partner am Klavier, Francois Couturier. Das wirkt sich aus – neben verträumten, meditativen Passagen wie im Titelstück und in ‚La Nuit‘ finden sich expressive, energiegeladene Improvisationen […] Ein Prachtalbum, das sich jeglicher Kategorisierung entzieht.
Ein sehr versöhnliches Album unter der Regie des Münchner Klangmeisters Manfred Eicher.
Eine Platte mit betörender, geradezu hypnotisierender Musik.
Es ist ein Meisterwerk, weil die Blue Notes des Jazz vielleicht noch nie so schlüssig und unbeflissen mit der modalen Musik Arabiens verbunden wurden. Hier treffen sich Freiheit und Ehrfurcht vor der Tradition wie selbstverständlich.
Die perfekte Balance zwischen Komposition und Improvisation […] So startet ‚Bom Dia Rio‘ den musikalischen Dialog mit sprödem Charme, solo auf der Oud. Hollands Bass setzt mit einer kleinen, flinken Figur ein. Der Pianist streut ein paar Akkorde ein, nimmt die Melodie auf und DeJohnette grundiert dies alles mit feinsten Pinselstrichen an Becken und Trommeln. Ein Meisterwerk der Entschleunigung.
Poesie ist das Kennwort dieser Begegnung, die atmosphärisch mit leisen Becken-Crashs in ‘La Nuit’ wandelt, wobei ein Klaviermonolog sogar atonale Bereiche berührt. Der Titelsong hat fast Popqualitäten und ‚Persepolis’s Mirage‘ einen intensiven Ostinato-Groove.
Distinctions
De Klara's Classical Music Awards, "Meilleur disque international - Monde" (Belgique)
Editor’s Pick, "DownBeat" (États-Unis)
Best Releases of 2017, "All About Jazz" (États-Unis)
Top 20 Jazz Albums of 2017, Jazz Wise Magazine (Royaume-Uni)
5★, Evening Standard (Royaume-Uni)
4★, Stern (Allemagne)
Choc, Jazz Magazine (France)
Choc, Classica (France) 5/5, Dagens Nyheter (Suède)
Palmarès/10 albums jazz 2017, Le Devoir (Canada)
5★, The Sydney Morning Herald (Australie)